Marie-Thérèse d’Autriche

Marie-Thérèse d’Autriche, née le 13 mai 1717 à Vienne, est une figure majeure de l’histoire européenne du XVIIIe siècle. Archiduchesse d’Autriche, reine de Hongrie et de Bohême, elle devient souveraine des Habsbourg à la mort de son père, l’empereur Charles VI, en 1740. Son accession au trône marque le début de la guerre de Succession d’Autriche, déclenchée par la contestation de la Pragmatique Sanction. Malgré les circonstances difficiles de son règne, elle met en œuvre de nombreuses réformes politiques, militaires et économiques qui modifient durablement la structure de la monarchie des Habsbourg.

Contexte dynastique et début de règne de Marie-Thérèse d’Autriche

Fille unique de Charles VI, Marie-Thérèse est désignée comme héritière par la Pragmatique Sanction de 1713, un acte impérial destiné à assurer la succession féminine dans les terres héréditaires des Habsbourg. À la mort de son père, sa légitimité est immédiatement remise en question par plusieurs puissances européennes, notamment la Prusse de Frédéric II, qui envahit la Silésie en 1740. La guerre de Succession d’Autriche commence alors que la jeune souveraine n’a que vingt-trois ans, sans formation militaire ni expérience du gouvernement.

Elle se trouve confrontée à un isolement politique et à des menaces sur l’ensemble de ses territoires. Malgré cela, elle conserve l’appui des États héréditaires et obtient la couronne de Hongrie en 1741 grâce à un discours resté célèbre à la Diète de Presbourg. En appelant à la solidarité des nobles hongrois, elle suscite une mobilisation militaire importante contre les troupes prussiennes.

Réformes administratives et économiques de Marie-Thérèse d’Autriche

Marie-Thérèse met en place une série de réformes destinées à centraliser et renforcer le pouvoir impérial. Elle restructure l’administration en créant des conseils spécialisés, notamment le Conseil d’État en 1761, qui devient un organe consultatif influent. Le système fiscal est unifié, les impôts directs augmentés, et la noblesse soumise à une fiscalité plus stricte. L’objectif est de rééquilibrer les finances publiques, affaiblies par les conflits successifs.

L’appareil militaire est également réorganisé. L’armée autrichienne adopte un encadrement plus rigoureux, avec une modernisation de la logistique et des effectifs plus disciplinés. Elle développe les écoles militaires et met en place des casernes dans les provinces éloignées pour améliorer la réactivité des troupes. À la fin de son règne, l’armée impériale est plus cohérente et capable de faire face à des adversaires comme la Prusse ou l’Empire ottoman.

Politique éducative et religieuse de Marie-Thérèse d’Autriche

Son action ne se limite pas aux réformes de l’État. Marie-Thérèse s’intéresse également à l’éducation. Elle introduit une législation scolaire en 1774, imposant l’école primaire obligatoire pour les enfants des deux sexes. Cette réforme s’appuie sur une vision paternaliste de l’État, censé éduquer ses sujets afin d’en faire des citoyens utiles. L’enseignement est confié aux ordres religieux, mais le contrôle est assuré par les autorités publiques.

Sur le plan religieux, Marie-Thérèse reste fidèle au catholicisme et défend l’unité confessionnelle de ses territoires. Elle lutte contre le protestantisme et surveille les minorités religieuses, y compris les Juifs et les orthodoxes. Bien qu’elle tolère leur présence dans certaines provinces, elle impose des restrictions juridiques et économiques, motivées par une volonté d’uniformisation culturelle et politique.

Famille et stratégie matrimoniale

Épouse de François de Lorraine, futur empereur François Ier du Saint-Empire, Marie-Thérèse donne naissance à seize enfants. Sa descendance joue un rôle stratégique dans la diplomatie européenne. Son fils Joseph II lui succède en tant que co-régent dès 1765, puis empereur à sa mort. Sa fille Marie-Antoinette est mariée au dauphin de France, futur Louis XVI, dans une tentative de rapprochement entre l’Autriche et la France, anciens ennemis.

Par ces alliances, Marie-Thérèse cherche à sécuriser la position des Habsbourg sur l’échiquier européen. Elle orchestre des mariages avec les maisons royales de Naples, de Parme et de Toscane, consolidant ainsi les liens entre les branches catholiques des dynasties européennes. La politique matrimoniale devient un outil de stabilisation et d’influence dans un continent marqué par les rivalités permanentes entre grandes puissances.

Héritage politique et postérité

Marie-Thérèse meurt le 29 novembre 1780 à Vienne. Son règne, long de quarante ans, marque une période de transition entre absolutisme baroque et monarchie réformatrice. Bien qu’elle reste attachée à une vision traditionnelle du pouvoir, son administration annonce des évolutions qui culmineront sous Joseph II. Le renforcement de l’État, l’unification du droit et la réforme de la fiscalité posent les fondations de l’Empire austro-hongrois du XIXe siècle.

Elle est aussi perçue comme une souveraine pragmatique, soucieuse de la stabilité de ses États. Sa capacité à affronter les défis militaires, diplomatiques et internes, malgré les contraintes de genre et les obstacles politiques, en fait une figure emblématique de la résistance monarchique face aux bouleversements du siècle des Lumières. Elle demeure aujourd’hui un personnage central de l’histoire de l’Autriche et de l’Europe centrale.

Marie Thérèse d’Autriche, le règne d'une reine négligée